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Mon enfant bleu, Pablo
14 mars 2013

La danse et le mouvement/1

Depuis qu'il est tout petit, Pablo se met parfois à danser à des moments inattendus et de façon surprenante. J'ai remarqué qu'il observe beaucoup les mouvements que fait un sportif et s'amuse bien souvent à décomposer des mouvements en rejouant une scène d'un film ou d'un dessin animé. Tout comme il aime suivre les consignes en images d'un parcours santé.

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Le mouvement est finalement très présent dans ses représentations graphiques. Pablo me semble fasciné par cette question. C'est sans doute aussi pour cela qu'un de ses sujets de prédilection est la théorie de l'évolution.

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Le mouvement de l'homme qui marche, le mouvement des populations qui migrent, les hommes qui jouent, se disputent, débattent, les mouvements du quotidien...

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Pablo met également en dessin, les questions qu'il se pose sur la façon de reproduire graphiquement le mouvement et le geste du dessinateur.

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Le mouvement si présent dans les dessins de Pablo, véritable objet d'étude, est aussi me semble-t-il, sa façon d'appréhender le monde et les codes sociaux. Les images animées que nous recevons et dont nous comprenons le sens de façon spontanée, sont plus difficiles à interpréter pour un autiste, notamment les expressions faciales. Mais ce que je découvre, en regardant évoluer mon garçon, c'est qu'il a besoin de plus de temps pour comprendre toute la gestuelle corporelle. Depuis son entrée à l'école maternelle, on m'a souvent dit que Pablo observait beaucoup les autres dans la cour de récréation. Un jour, il a pris un vélo sans petites roues et s'est mis à pédaler tout seul, sans aide, sans tomber. On dit souvent aussi à propos de Pablo, mais de tous les autistes aussi, qu'il est "dans son monde", comme s'il ne voyait rien autour de lui. Mais c'est bien justement parce qu'il est dans son monde qu'il peut voir aussi finement ce qui l'entoure. Cette capacité d'observation des autistes, qui peut prendre parfois un certain temps, est un temps essentiel dans leur développement et fait partie intégrante de leur fonctionnement cognitif. Comprendre leur rythme et l'intégrer, (ce qui n'est pas toujours une chose facile pour un parent d'accepter que son enfant est plus lent que les autres), est selon moi une donnée essentielle de leur évolution positive.

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Vers l'âge de 4 ans, alors que je regardais une vidéo du ballet "Boléro" chorégraphié par Béjart, il m'a surprise en reproduisant à l'identique les mouvements de la danseuse Maïa Plissetskaya. Maurice Béjart précise en ces termes sa conception de l’œuvre de Ravel : «Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie – d’origine orientale et non espagnole – s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie». 

Dans son livre autobiographique, la danseuse russe, écrit à propos de ce ballet : 

"Les séquences de Béjart avaient, pour l'occasion, été baptisées : Crabe - Soleil - Poisson - B.B. - Hongroise - Chatte - Ventre - Samba

Les seize reprises de la mélodie (c'est ainsi que mon personnage s'appelle dans le programme : La Mélodie) avaient un nom. Soleil, c'étaient les bras étendus comme des rayons, doigts écartés. On aurait dit qu'ils imploraient l'astre du jour. Crabe partait aussi des bras pour devenir subitement des pinces, se croiser et se planter dans ses propres côtes. B.B., c'était Brigitte Bardot. Elle était alors la femme la plus célèbre de la planète. Béjart avait refondu sa démarche et ses gestes en image chorégraphique. Ventre... Mais dans quel ordre ? Ravel ponctue chaque séquence de deux mesures d'entrée rythmique. Durant ces deux mesures, Béjart tempérait le feu d'artifice de son imagination et répétait cent fois la simple formule d'une succession de pliés. C'était le moment de se rappeler quel épisode allait suivre : Chat ou Hongroise ?"

(Moi, Maïa Plissetskaïa, Editions Gallimard, collection "Témoins", Paris, 1995, 486 p.)

Quand on lit ce passage, on comprend que ce ballet ne peut que parler à un penseur visuel comme Pablo, qui a très vite saisi le jeu graphique des bras de la danseuse dans cette danse quasi hypnotique.

 

Maya Plisetskaya - BOLÉRO (Ravel) [20 min.] from andrei66ro on Vimeo.

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