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Mon enfant bleu, Pablo
16 juin 2012

Pablo et son chien

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Pablo a noué une relation particulière avec Micky, notre chien, un border collie de 15 mois. Alors qu'il semble très réservé en sa présence, il nous déclare de temps en temps avec une voix monocorde : "Moi, j'aime les chiens". 

Wendy Lawson, éducatrice et psychologue anglaise, diagnostiquée Asperger à l'âge adulte, témoigne dans son livre (Comprendre et accompagner la personne autiste, Dunod, 2011, 286 p.), p. 283 :

 

« Parfois, j'ai l'impression de ressentir les choses de manière plus profonde que les autres, et ces jours-là j'aimerais bien pouvoir débrancher ma sensibilité.

 

Lorsqu'un chien regarde un humain dans les yeux, c'est qu'il réclame son attention. Peut-être veut-il manger, sortir ou juste un peu d'affection. S'il est fatigué, il se couchera simplement pour dormir, sans ressentir la nécessité de dire « bonne nuit » ou « si ça ne te dérange pas, je vais faire ceci ou cela ». Un chien est constant, loyal, et toujours de votre côté. Même si on n'est pas attentif à ses besoins, si on ne le comprend pas bien, il ne semble pas nous en vouloir. J'aime bien les chiens. »

 

Le chien est devenue une figure très présente dans ses dessins, soit qu'il s'inspire de chiens de bd ou de dessins animés, soit qu'il représente son chien. Liane Holliday Willey, professeur de psycholinguistique et de sciences de l'éducation aux Etats-Unis, diagnostiquée Asperger à l'âge de 38 ans, donne ce conseil dans son excellent livre témoignage ( Vivre avec le syndrome d'Asperger, un handicap invisible au quotidien, Bruxelles, éditions de Boeck, 2008, 148 p.), p.59 :

« Je les encouragerais à rejoindre des clubs spécialisés. Je leur conseillerais de veiller à passer quelques instants avec les gens de leur voisinage, au travail, à l'école ou pendant leurs activités routinières. Je suggérerais qu'ils acquièrent un ami à quatre pattes qui leur tienne compagnie, non pas seulement pour le bénéfice thérapeutique qu'un animal peut apporter, mais aussi parce que les animaux domestiques peuvent souvent rapprocher toutes sortes de gens, et parce qu'ils peuvent rapprocher ceux qui étaient étrangers. »

 

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Ces derniers temps, Pablo a réalisé plusieurs dessins représentants un chien qui se transforme en garçon, ou plus exactement il dessine Micky qui se transforme en Pablo. Pablo ne donne aucune précision sur le procédé technique, mais pour moi il est devenu évident que notre chien occupe une place importante dans sa vie. C'est ainsi qu'il a décrit ce dessin à sa soeur : "tu as vu, ton pépère se transforme en loulou". "Pépère" étant le surnom de Micky et "loulou" celui de Pablo.

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Juin 2012

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Mai 2012

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Mars 2012

Le chien fait pleinement partie de sa réalité et par conséquent de son imaginaire.

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Février 2012

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Juin 2012

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Mai 2012

Le chien est devenu un membre à part entière de la famille. Pour Pablo, Micky est un formidable compagnon de jeu. C'est même le seul membre de la famille qu'il veut amener avec lui, quand il dit qu'il veut partir vivre en Amérique du Nord voir New-York et les cow-boys. C'est en lisant les écrits de Temple Grandin, cette spécialiste américaine du comportement et de la pensée animale et autiste, professeur à l'université du Colorado, et notamment, L'interprète des animaux (Odile Jacob, 2006), que j'ai compris l'importance pour un enfant autiste de grandir avec un chien. Les autistes ont beaucoup de points communs avec les animaux. Et c'est en travaillant sur la pensée animale que Temple Grandin a compris son propre fonctionnement. Temple Grandin dit que (p.34) :

 « Cela m'amuse toujours d'entendre dire que les autistes « vivent dans leur propre univers ». A force de travailler avec les animaux, j'ai constaté que les gens normaux font exactement la même chose. Le monde est là, immense et magnifique, sous leurs yeux, et ils s'en aperçoivent à peine. De même que les chiens entendent des fréquences sonores qui nous sont imperceptibles, les autistes, comme les animaux, perçoivent tout un registre du monde visuel que les autres ne voient pas. »

Ou encore, selon elle (p. 108):

« La principale différence entre eux et nous, c'est que les animaux n'éprouvent pas les sentiments mitigés que ressentent la plupart des gens normaux. Ils ne sont pas ambivalents ; ils n'entretiennent pas de relations d'amour-haine, ni entre eux ni vis-à-vis de nous. C'est pourquoi nous les apprécions tants; ils sont loyaux. Si un animal vous aime, il vous aime inconditionnellement. Il se fiche complètement de votre apparence ou de vos revenus.

C'est un autre point commun avec les autistes qui ressentent eux aussi, des émotions simples. Et que les gens normaux décrivent comme « innocents ». Les sentiments d'une personne autiste sont directs et francs. Nous ne dissimulons pas nos émotions et nous ne sommes pas ambivalents. Je suis incapable d'imaginer comment on peut éprouver de l'amour et de la haine pour la même personne. »

 

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« Quant aux chiens, à force de fréquenter les hommes, ils ont appris à lire en eux, à comprendre ce qu'ils pensent et à prévoir ce qu'ils vont faire. Nous le savons grâce à des études comparatives de loups et de chiens. Même élevé par des humains dès sa naissance, un loup n'acquiert jamais la capacité d'interpréter les expressions des hommes comme le font les chiens. Un loup ne regarde pratiquement jamais le visage de son maître, même quand cela pourrait lui être utile. Les chiens, à l'inverse, regardent toujours le visage de leur maître pour y lire des informations, surtout quand ils ont besoin d'aide.

 

A mesure que les chiens apprenaient à lire en nous, nous avons appris à lire en eux. Les chiens et les hommes sont faits pour vivre ensemble. »

Temple Grandin, L'interprète des animaux, Odile Jacob, 2006, p. 205.


 

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