Vacances

Les vacances sont un moment délicat pour Pablo qui a du mal avec tout changement dans son quotidien, comme chaque enfant autiste ou TED. Le rythme change, les heures de lever, de repas, du coucher sont retardées. Cet été, Pablo a mis un certain temps avant de se fixer de nouveaux repères. Son attention s'est portée tout particulièrement à la maison sur son circuit de train et sur sa ville, qu'il construit et reconstruit inlassablement. Ce centre d'intérêt, quasi-exclusif, est devenu fin août plutôt problématique et un point de crispation avec sa soeur, avec qui il partage sa chambre. L'accès à son lit en mezzanine s'avère être une véritable épreuve, semée d'obstacles en équilibre, donc susceptibles de s'écrouler à la moindre vibration. Même s'il se trouve à l'autre bout de la maison, Pablo sait reconnaître le bruit d'une chute d'un élément de sa ville et se met alors très en colère, d'autant plus si le coupable est sa soeur.

Lors d'une semaine de vacances à la campagne, il pouvait manifester le soir en pleurant, son envie de jouer à son train. Mais j'ai l'impression, que Pablo a contenu son angoisse du changement par le dessin, qui lui permet ainsi de digérer toutes ces nouveautés. Les paysages qu'il a vu, les monuments, les curiosités architecturales ont été une grande source d'inspiration, atténuant les problèmes quotidiens de rigidité alimentaire ou de changement de vêtement. Durant les deux dernières semaines d'août, Pablo n'a voulu porter que des tee-shirts de couleur rouge avec l'accessoire indipensable, sa casquette bleue, qu'il met aussitôt levé.

Cet été a été l'occasion pour nous de visiter les Corbières et les châteaux médiévaux,

Château de Puilaurens, Aude

d'aller à la montagne, dans les Pyrénées,

dans les Alpes de Hautes-Provence, à Forcalquier.

J'ai remarqué que, durant ces vacances, Pablo a réussi à canaliser ses angoisses par le dessin. En passant de longs moments à reproduire tous les paysages, les BD qu'il a pu voir dans la journée, cela l'a aidé à se rassurer alors qu'il était loin de sa maison. Le dessin est aussi un étonnant support de ses émotions. Pablo transcrit graphiquement ses sentiments avant de les verbaliser. Un soir avant de se coucher, il est venu nous montrer ce dessin sans mot dire, avant de revenir en pleurant nous dire à quel point il était triste de savoir notre chatte, Katioucha, pour qui il ne manifeste d'habitude aucune affection, seule et triste à la maison.

Lors de ce séjour en Haute-Provence, Pablo a pu s'adonner à l'un de ses passe-temps favori : l'observation. Muni de ses jumelles, accessoire indispensable lors de tout déplacement, Pablo a pu observer de loin, puis de près, les poules, avant de donner son avis définitif sur le sujet observé et de déclarer de façon laconique : "elles nous cassent les oreilles ces p'tites poules". Pablo a manifesté de la méfiance, puis du dédain vis à vis d'adorables agneaux. En ce qui concerne les animaux, j'ai remarqué que Pablo s'intéresse uniquement aux chiens, gros de préférence. D'ailleurs, les animaux sont très peu représentés dans ses dessins.