Petit bilan de rentrée

Une semaine après la rentrée, le bilan est plutôt positif. Pablo a intégré une unité pour enfants TED à l'hôpital de jour. Il est pris en charge 4 demi-journées par semaine. Et le restant de la semaine, il est scolarisé en grande section de maternelle. Le lundi de la rentrée, il n'est pas allé à l'école le matin. Nous avons préféré qu'il fasse sa rentrée à l'hôpital d'abord. Dès le matin, Pablo s'est montré enjoué à l'idée d'aller à l'hôpital de jour. Se souvenant bien de sa semaine d'observation en avril, Pablo avait en tête l'idée d'aller jouer au grand circuit de train. C'est d'ailleurs ce qu'il s'est empressé de faire aussitôt arrivé. Je m'attendais à ce que le premier jour il reste un peu collé à moi, mais en fait pas du tout. Aussitôt descendu de la voiture, Pablo a couru vers "la porte magique" qui s'ouvre toute seule lorsqu'on appuie sur le gros bouton, a traversé à grands pas le long couloir qui amène au sas d'accueil de l'unité. Dès qu'on nous a ouvert la porte, Pablo s'est engoufré dans la pièce, a enlevé sa veste, son sac et sa casquette et sans un regard s'en est allé avec l'éducatrice. Cette première rentrée a duré pour nous parents, en tout et pour tout 10 secondes!

Selon la pédospychiatre, le premier jour Pablo "a fait sa vie", sans se préoccuper des adultes et des enfants. Lorqu'on lui demande ce qu'il a fait, il nous répond invariablement qu'il a joué au train, fait du vélo et qu'il est monté dans la fusée qui se trouve dans la cour. Pablo pense qu'il est là pour jouer. Du coup, il a eu du mal à faire sa rentrée le lendemain à l'école. Il n'avait pas envie d'y aller lorsque je l'ai amené à midi, mais une fois ses repères retrouvés, Pablo a suivi sa maîtresse sans problème pour sa première journée de classe.

Dessin réalisé par Pablo le soir de son premier jour d'école, 4 septembre 2011.

La veille de la rentrée Pablo a vu le film "Le petit Nicolas", ce qui l'a aidé à se faire à l'idée de retourner à l'école. 

En fin d'après-midi, Pablo était content de rentrer à la maison pour jouer à sa ville. C'est durant ces moments de jeu qu'il semble digérer ce changement de rythme un peu brutal. Pablo a peu dessiné durant cette semaine, la rentrée l'a beaucoup fatigué.

Durant la première semaine, le fait d'avoir deux structures différentes l'a un peu déstabilisé. Quand il revenait de l'école, il ne voulait plus aller à l'hôpital et inversement quand il revenait de l'hôpital, il ne voulait pas aller à l'école. Nous avons fait ensemble son emploi du temps sur une grande feuille et l'avons affiché dans la cuisine afin de bien matérialiser le déroulement de la semaine. Pablo a représenté l'hôpital de jour par le monument avec un dôme, l'école par un bâtiment rectangulaire et la maison pour le mercredi après-midi.

Août 2011, l'école selon Pablo

En ce début de deuxième semaine, Pablo semble avoir bien intégré son nouvel emploi du temps, et durant les trajets entre l'école et l'hôpital il est très enjoué. Pablo va participer à un atelier poney à l'hôpital et cette idée l'enchante particulièrement. Il a passé le week-end avec son chapeau de cow-boy.

En l'espace d'une semaine, je constate déjà des progrès importants. Pablo bénéficie d'une prise en charge exceptionnelle et je mesure la chance que nous avons d'avoir eu une place dans cette unité pour enfants TED. L'attention est vraiment portée sur les difficultés du quotidien, comme l'alimentation. Pablo présente une rigidité alimentaire et ne mange que très peu d'aliments : du pain, des cracottes, des yaourts aux fruits mixés, des compotes de pomme, des lentilles (d'une certaine marque), des coquillettes, des spaghettis, de la purée de pomme de terre, des knackis, du jambon blanc. Il est très difficile de lui faire goûter tout autre aliment. Et si par malheur, le couteau avec lequel je lui coupe ses spaghettis contient des micro-particules de fromage râpé ou de beurre, il ne veut plus toucher à son assiette. Les éducateurs de Pablo ont pu constater cela et adaptent les repas en lui préparant ce qu'il aime et en essayant petit à petit d'ajouter autre chose. Hier, Pablo a toléré la présence de carottes dans son assiette sans y toucher et a goûté du bout des lèvres un morceau de fromage. Chose que nous n'avons jamais réussi à faire à la maison. Ce qui est pour moi un grand pas. Le fait de voir les autres enfants manger va semble-t-il le stimuler.

Il s'ouvre aux autres et c'est merveilleux. Ce midi en allant le chercher, l'infirmière m'a dit qu'il avait appelé les autres enfants de l'unité pour jouer avec lui au train, ce qu'il refusait catégoriquement de faire jusqu'à présent. Toutes ces choses semblent insignifiantes pour des enfants dits "normaux" et on n'y fait pas attention. Mais le fait que par exemple, en rentrant de l'hôpital de jour, Pablo reproduise une petite scène avec des Playmobils, est pour moi un véritable bonheur. Pablo ne verbalise pas le contenu de sa journée, mais il le matérialise. Je sais que hier, Pablo n'a pas fait que jouer, il a aussi été en classe avec l'institutrice de l'hôpital. Et ce qui est nouveau, c'est le fait qu'il joue à des jeux symboliques mettant en scène des personnages. Sa ville se peuple enfin, il y organise des moments de vie.

Pablo a reproduit une scène de classe, en se servant de Playmobils, il y a mis un squelette et fait un dessin représentant le cirque qu'il a découpé. 12 septembre 2011

En ce qui concerne son institutrice de l'école maternelle, le premier constat est aussi très positif. Pablo a retrouvé sa maîtresse, ses copains de classe, et même si la classe a déménagé au premier étage de l'école, Pablo a vite trouvé plein d'aspects positifs au nouvel aménagement. Notamment la maison de poupée, avec laquelle il semble beaucoup jouer. Sa maîtresse me dit qu'il aime passer du temps à l'aménager. Cependant elle pense qu'il faut maintenir la demande d'AVS lors de l'équipe éducative qui aura lieu le 26 septembre. Même s'il fait sans problème le travail demandé, Pablo a du mal à se concentrer et à se poser sur une activité. Il se lasse très vite. Nous avions déjà constaté cela. Même si c'est à son initiative, Pablo consacre rarement plus d'une dizaine de minute à une activité (lecture, dessin, train, jeu de construction). Même s'il y retourne un peu plus tard, il n'arrive pas à se poser. Lorsque nous allons chez ma grand-mère, il va s'enfermer dans la cuisine pour jouer tranquillement aux legos, au bout d'un quart d'heure, il sort faire le tour de la maison et retourne à son activité. Dès que quelqu'un entre dans la pièce alors qu'il est en train de jouer, il a droit à un "ouste" de sa part.

Dessin de Pablo samedi 10 septembre, une semaine après la rentrée.